Jean sans Peur (1371-1419)

Biographie

Comte de Nevers, fils aîné de Philippe le Hardi et de Marguerite de Flandre, il est né le 28 mai 1371 au palais des ducs de Bourgogne à Dijon. Il doit son surnom à l'attitude ferme et résolue qu'il conserva devant Bajazet, dont il était devenu prisonnier dans sa jeunesse à la bataille de Nicopolis en 1396.

Il voulut assiéger Calais, pied à terre au pouvoir des Anglais qui venaient inquiéter ses états. Il déploya un luxe extraordinaire dans les préparatifs de cette expédition. Une grande partie de son appareil de guerre fut fabriqué à Hesdin. Mais la démence du roi de France, Charles VI, qui ne pouvait démêler les intrigues qui se tramaient autour de lui, fit avorter l'entreprise par suite des conseils envieux et anti-patriotiques du duc d'Orléans, l'antagoniste de Jean sans Peur. Celui-ci vint cacher son dépit à Hesdin, où l'attendait la duchesse de Bourgogne. Tout le matériel de cette entreprise militaire ayant été déposé à l'abbaye de Saint Bertin, fut incendié par des traîtres à la solde des Anglais ou du duc d'Orléans.

Celui-ci fut assassiné dans la nuit du 23 au 24 novembre 1407 à l'aide d'un affreux guet-apens. Jean sans Peur fut plus que soupçonné ; mais il était si puissant qu'on n'osait pas l'attaquer par les armes. Il plaida même sa cause auprès de Charles VI, et fit exprimer sa justification par Jean Petit, d'Hesdin, moine cordelier, jeune docteur en théologie. Celui-ci fit même l'apologie de son attentat. L'effet de sa plaidoirie fut douteux et il dut faire circuler son plaidoyer pour tâcher de le rendre populaire, sous le titre de « Justification du duc de Bourgogne ». Le duc le combla de largesses, lui donna une bonne pension et l'hôtel de l'hôpital, à Hesdin. Il mourut le 15 juillet 1411 et fut enterré dans l'église des Cordeliers, c'est-à-dire des Frères Mineurs, ses confrères.



Jean sans peur

Jean sans Peur

Jean sans Peur dut ensuite réprimer la turbulence des Flamands qui s'étaient soulevés.
Il possédait à Hesdin en 1410 2 moulins à drap qu'il affermait à des exploitants. D'importants produits étaient tirés du domaine d'Hesdin au profit de la caisse seigneuriale qui ne négligeait aucune source de revenus. Il s'est constamment préoccupé des revenus, du ravitaillement et du personnel de son grand domaine d'Hesdin et de la forteresse qui le protégeait.

Mais le duc de Bourgogne fut à nouveau inquiété : le guet-apens et l'assassinat du duc d'Orléans revinrent à la surface. On brûla la plaidoirie de Jean Petit le 5 février 1414 sur le parvis de la cathédrale de Paris, par décision du parlement. On parla même d'aller déterrer le corps de Jean Petit à Hesdin pour le brûler aussi... Jean sans Peur fut déclaré ennemi de l'Etat, traître et assassin.

Alors commença la guerre ouverte entre les Bourguignons et les Armagnacs. Charles VI envahit l'Artois et le ravagea. Son armée causa de gros dommages à Hesdin.

Jean sans Peur n'assista pas à la bataille d'Azincourt (25 octobre 1415). Il alla cependant visiter ce champ de deuil national en compagnie de son fils, le comte de Charolais. Il y avait perdu ses 2 frères, les ducs de Nevers et de Brabant. En 1416, la France avait besoin de réparer le terrible échec d'Azincourt. Jean sans Peur fit offrir au roi tous ses secours et toutes ses forces contre l'Angleterre, mais le comte d'Armagnac, alors connétable et premier ministre, redoutant la rivalité du duc de Bourgogne, réveilla la querelle des Orléanais et des Bourguignons. Il fit donc refuser les services de ce prince qu'il détestait. Cette humiliation irrita Jean sans Peur au plus haut point, et au lieu de faire la guerre aux Anglais, dans le but de permettre à la France de reconstituer son armée et ses finances, il conclut une trêve avec eux.

Il fut déclaré publiquement traître et félon, puis mis hors la loi, et l'on ordonna aux Français de le poursuivre avec ses partisans et de les exterminer tous comme des ennemis publics. Il chercha à coaliser les villes de Picardie dans ses intérêts et contre le gouvernement. Il partit d'Hesdin, se mit à la tête de 30000 hommes, alla délivrer la reine Isabelle exilée à Tours. Il marcha ensuite sur Paris, dont il se rendit maître, et où il massacra les Armagnacs. Après cette sanglante expédition, chose étrange ! il fut bien reçu par le roi qui en avait peur, et qui consentit à l'admettre dans son conseil. Le triomphe du duc de Bourgogne fut de courte durée. Ses ennemis s'acharnaient dans la pensée de venger le meurtre du duc d'Orléans.

Jean sans Peur fut assassiné le 10 septembre 1419 par quelques hommes de main des Armagnacs à l'occasion d'une entrevue avec le Dauphin sur le pont de Montereau, près de Paris. On prétend que son cadavre, laissé un temps à l'abandon, fut à moitié dévoré par les loups.

Jean sans Peur eut 1 fils et 7 filles :

  • Philippe le Bon, son successeur, qu'il marie en 1409 à Michelle de Valois, fille du roi Charles VI de France, puis Bonne d'Artois, puis Isabelle de Portugal.
  • Marguerite de Bourgogne (1393-1441) comtesse de Gien et de Montargis, qui épouse :
  • 1° en 1409 le duc Louis de Guyenne
  • 2° en 1423 Arthur, duc de Bretagne, connétable de France.
  • Catherine (1396-1420), qui épouse Louis III d'Anjou, duc de Guise.
  • Marie, qui épouse en 1406 Olivier de Châtillon, comte de Penthièvre.
  • Anne de Bourgogne, qui épouse :
  • 1° en 1423 Jean Plantagenêt, duc de Bedford
  • 2° Owen Tudor
  • Agnès, qui épouse Charles I° en 1425.
  • Jeanne
  • Jean VI, évêque de Cambrai (fils bâtard).

C'était un homme remarquable par son intelligence et ses vues politiques. Son ambition le perdit, et l'amour du pouvoir le rendit aveugle... Sa fin est aussi lamentable que celle de Robert III d'Artois.


blason jean sans peur

Armoiries de Jean sans Peur