Philippe le Hardi (1342-1404)

Biographie

Il est né à Pontoise le 17 janvier 1342. C'était le quatrième fils du roi Jean II, dit Jean le Bon et de Bonne de Luxembourg, et le frère du roi Charles V. Il gagna son surnom aux côtés de son père à la bataille de Poitiers en 1356 : cette bataille opposa l'armée du roi de France, Jean le Bon, et celle du Prince Noir,l'héritier du trône d'Angleterre, et tourna au désastre. Le roi Jean était resté seul dans la bagarre, au milieu des Anglais. Philippe, âgé de 14 ans, tenta de détourner les coups en criant : « Père, gardez-vous à droite, gardez-vous à gauche ». Puis Jean le Bon se rendit et lui et son fils furent faits prisonniers et emmenés en Angleterre. Ils furent libérés en 1360, après le traité de Brétigny.

Il épousa Marguerite de Flandre, la jeune veuve de Philippe de Rouvre, précédent duc de Bourgogne, mort prématurément sans descendance à l'âge de 15 ans. Celui-ci avait reçu la donation des villes et chatellenies d'Arras, Saint-Omer, Béthune et Hesdin. A la mort de Louis de Mâle, son beau-père, en janvier 1384, il fut investi, du chef de sa femme, des comtés de Flandre, d'Artois, de Nevers et de Rethel. Ces grandes possessions, ajoutées au duché de Bourgogne, firent de ce prince un des personnages les plus riches et les plus puissants d'Europe.


Philippe le Hardi

Philippe le Hardi


Il pacifia la Flandre (paix de Tournai en 1385), y introduisit les lois romaines et les usages de Bourgogne. Il créa la chambre des comptes de Lille en 1385, pour prendre connaissance de toutes les matières de tous les conflits qui concernaient la justice et la finance. Hesdin reçut très souvent dans ses murs Philippe le Hardi, et avec lui son épouse. Philippe aimait Hesdin; le pays lui paraissait si charmant qu'à l'exemple des comtes d'Artois, ses prédécesseurs, il y résida la meilleure partie de son temps.

Le duché de Bourgogne et les comtés de Flandre et d'Artois bénéficièrent, à partir des successeurs de Louis de Mâle, d'une administration solide et savamment organisée. Voulant effacer entièrement la trace des désolations de la guerre essuyées par Hesdin, Philippe ordonna, en juillet 1395, d'en restaurer le parc et le château d'une manière tout à la fois stratégique et somptueuse. La magnificence qu'il mit dans la restauration et les embellissements de ce grand domaine tinrent autant à ce qu'il en affectionnait beaucoup le site et les agréments qu'à son goût exagéré pour le luxe et la splendeur, pour la chasse et les nobles exercices qu'elle entraîne. A cette occasion, l'évêque d'Arras lui offrit une quantité d'animaux de toutes sortes pour repeupler le parc dévasté par les irruptions fréquentes des Anglais. Il y eut à cette époque de grandes réceptions à Hesdin, et l'existence dans la ville d'un orfèvre capable de fournir des ouvrages d'art au duc de Bourgogne et de contribuer au luxe de son mobilier somptueux démontre que la ville au XIV° siècle avait une grande importance industrielle et commerciale.

A Hesdin, on ne connaissait la maison de Bourgogne que par ses bienfaits. Philippe faisait exploiter dans son château d'Hesdin un four à chaux, qui était à la fois une entreprise industrielle et un monopole. Il faisait aussi commerce des vins de sa récolte. Philippe le Hardi était industriel et négociant. Lorsqu'il faisait exécuter de grands travaux au château d'Hesdin, lesquels entraînaient des avances importantes de fonds, les entrepreneurs étaient obligés de fournir de bonnes cautions. Il utilisait le produit de confiscations à la réparation et à l'entretien du château. Il avait créé un établissement utile à Hesdin que, moyennant finance, il abandonna à l'exploitation privée : il s'agissait d'un moulins à taillans, qu'il souscrivit en concession à Jean Remmet, coutelier, à Hesdin. En 1392, une forte inondation avait détruit les ponts de la Canche. C'était un désastre. Le duc de Bourgogne vint généreusement au secours de la commune. Il y avait de grands chevaux, des poulains, des étalons et des juments dans le parc, et le comte de Flandre y faisait entretenir de jeunes boeufs. Philippe était un administrateur éminent, qui gouvernait admirablement ses états, et qui introduisit partout l'ordre et le contrôle. Il avait placé un directeur spécial, nommé Pierre Dubois, auprès d'une vaste volière qui comptait parmi les agréments du château. Les pièces d'eau du parc n'étaient pas seulement un objet de fantaisie, une ordonnance de luxe dans le château, c'était aussi une source de produits pour le duc, car elles étaient mises en fermage comme viviers. Il y avait un garde des eaux de la chatellenie d'Hesdin, fonctionnaire de la cour de Bourgogne qui était, par son office, le précurseur de ses homologues actuels des Eaux et Forêts.

Le commerce et l'industrie avaient donc un développement notable à Hesdin, ce qui explique l'importance de la ville, soit comme un refuge en cas de guerre, soit comme siège d'une garnison souvent nombreuse pour la défense de la ville et du château, soit comme rendez-vous de plaisir pour les grands personnages et la noblesse du pays, que conviait à ses fêtes et à se chasses le plus puissant des seigneurs.

Philippe, par la cour qu'il tenait souvent à Hesdin, par les travaux considérables qu'il fit exécuter dans son château, par l'administration sage et paisible qu'il avait exercée, a donné à la ville quelques années de calme et de répit, pendant lesquelles la prospérité des habitants semblait un rêve de bonheur. Ce prince habile, fondateur de l'ordre administratif et financier dans ses états, mourut le 17 avril 1404. Son épouse Marguerite, duchesse de Bourgogne, comtesse de Flandre et d'Artois, le suivit de peu : elle décéda le 16 mars 1405.

Il eut 8 enfants, avec lesquels il inaugurait une politique matrimoniale, et qui constituera en quelques décennies l'Etat du Duché de Bourgogne :

  • Jean sans Peur son successeur, né le 28 mai 1371 au palais des ducs de Bourgogne de Dijon.
  • Charles, né en mars 1372, mort le 13 juillet 1373.
  • Antoine de Bourgogne, né en 1384, comte de Rethel, puis duc de Brabant, mort à la bataille d'Azincourt le 25 octobre 1415.
  • Philippe de Bourgogne, né en octobre 1389, mort lui aussi le 25 octobre 1415 à la bataille d'Azincourt, devenu en 1404, par renonciation de ses frères Jean et Antoine, comte de Nevers et Rethel.
  • Marguerite de Bourgogne, comtesse d'Ostrevent, née en octobre 1374, mariée le 12 avril 1385 au comte Guillaume IV de Hainaut, de Hollande et de Zélande.
  • Catherine de Bourgogne, née en octobre 1378, morte le 26 janvier 1426, mariée le 15 août 1393 au duc Léopold IV d'Autriche.
  • Bonne, née en 1379, morte le 10 septembre 1399.
  • Marie de Bourgogne, née en août 1380, morte le 6 octobre 1428; mariée en mai 1401 au comte puis duc Amédée VIII de Savoie.
 

Armoiries de Philippe le Hardi (avant 1364)

Armoiries de Philippe le Hardi (avant 1364)

Armoiries de Philippe le Hardi (apres 1364)

Armoiries de Philippe le Hardi (apres 1364)